Nous recevons aujourd’hui le Général de division Vincent Desportes, Saint-Cyrien, ingénieur, titulaire d’un DEA de sociologie, d’un DESS d’administration des entreprises (CAAE), Docteur en Histoire, breveté de l’École supérieure de guerre et diplômé de l’United States Army War College, son expérience est d’une grande richesse puisque sa carrière lui a fait occuper des postes en unités de combat, en états-majors, attaché militaire à l’Ambassade de France aux États-Unis, conseiller Défense du Secrétaire général de la Défense Nationale (SGDN), directeur du Centre de doctrine et d’emploi des forces (CDEF), directeur de l’Ecole de guerre… Il nous livre aujourd’hui son éclairage de la « prise de la bonne décision ».
« Le métier fondamental du militaire c’est gérer les crises ».
Le premier conseil à suivre pour un chef d’entreprise : être désinhibé par rapport à la décision et la prise de décision, sachant qu’aucune décision ne peut être parfaite car le monde n’est connu que partiellement à un instant T.
Le second conseil est d’avoir conscience que l’espace stratégique change en permanence, il est ouvert, avec des variables entrantes et sortantes constamment. Lorsque votre décision va entrer dans cet espace stratégique, il aura déjà évolué, donc votre décision ne pourra jamais être parfaitement adaptée. Ce qui implique de se doter de capacités d’adaptation dans cette incertitude.
Troisième point, il n’est pas possible de penser que la décision n’a pas été prise, elle va rebondir indéfiniment. Dans la boite stratégique, il n’y a pas de marche arrière, il faut poursuivre vers l’avant. Une décision stratégique est un ballon de rugby, il ne s’arrête jamais, le chef d’entreprise doit l’accompagner en permanence, sachant que le ballon va rebondir de manière aléatoire, ce qui implique qu’on ne peut pas attendre exactement ce qui était imaginé ou espéré lors de la prise de cette décision. Donc, aucune décision ne peut être la meilleure, l’important est de la prendre, avec un système d’accompagnement qui va permettre de la guider au mieux vers l’avenir désiré pour l’entreprise.
Dernier point, la stratégie soulève la question du sens : quel est le point de polarisation général de l’entreprise, quelle est l’ambition commune, quelles sont les compétences et le degré d’esprit d’initiative ?
À retenir : tout succès militaire est basé sur l’initiative et l’engagement des hommes = la discipline la plus stricte quant à l’ambition commune et l’initiative la plus large donnée aux collaborateurs pour s’adapter aux circonstances.
L’entretien se termine sur les opportunités à saisir en toute crise et les grandes qualités de Napoléon, dont le Général Desportes est un grand spécialiste.
