
Le retour d’un Président Donald Trump très déterminé s’opère dans un contexte marqué par des conflits, des tensions géopolitiques, la montée du protectionnisme et les défis climatiques.
L’année 2025 va être marquée par les retombées des 60 élections nationales qui ont eu lieu dans le monde en 2024. Les lignes vont immanquablement bouger sous l’impulsion du second mandat 2025-2028 de Donald Trump, avec une expérience du pouvoir, un programme plus abouti, une équipe de fidèles et une envie de revanche. La conjonction du « Make America Great Again » et du « Made in America » va entraîner une pression indiscutable chez tous les partenaires de l’économie américaine, amis, alliés, partenaires, rivaux ou adversaires. Par ailleurs, les sujets de droits humains, climatiques ou environnementaux risquent de marquer le pas, par manque d’intérêt du locataire de la maison blanche, concentré sur le protectionnisme et la redéfinition de multilatéralisme.
Le 47ème POTUS (President Of The United States)
Tout juste élu et encore basé à Mar-a-Lago, Trump le 47ème a affiché une activité et une détermination jamais vue. Il veut renommer le golfe du Mexique en « golfe de l’Amérique », imposer un budget de la Défense de 5 % aux membres de l’OTAN, il a affirmé que « pour la sécurité nationale et la liberté à travers le monde, les Etats-Unis d’Amérique estiment que la propriété et le contrôle du Groenland sont une nécessité absolue », ou encore il affirme vouloir se réapproprier le canal de Panama, et il menace de faire usage de la « force économique » contre le Canada « subventionné par les Etats-Unis pour sa protection », estimant que le Canada devrait « fusionner » avec les Etats-Unis, entraînant la démission du Premier Ministre Trudeau. Il lance une cryptomonnaie, développe son réseau social, envisage d’administrer l’État fédéral comme la gestion d’une entreprise privée…
Il casse les codes du monde politique, économique, diplomatique. Souvenez-vous, il avait déclenché une guerre économique contre la Chine et mis un pied en Corée du Nord lors de son premier mandat, que nous réserve-t-il pour les 48 mois à venir ?
Trump 2 sera plus que jamais un « deal maker » et fera usage de rapports de force permanents dans les relations commerciales qui furent une priorité après la Seconde Guerre mondiale comme garde-fou contre tout nouveau conflit majeur. Face à une Amérique de nouveau conquérante et plus que jamais égo-centrée sur ses propres intérêts et sur sa puissance, les partenaires devront plus que jamais « s’adapter » et faire face à des arbitrages complexes, et parfois désagréables, entre leurs priorités nationales, les impératifs commerciaux (EU, Chine ASEAN, USMCA, Afrique, Inde, Mercosur, RECEP, CPTPP…) et les relations multidimensionnelles nécessaires dans un monde systémique (politiques, géopolitiques, géostratégiques, environnementales, droits humains, aides au développement, conflits, démocratures, militarisation…).
Les réactions seront multiples : combatives, défensives, coopératives, inventives ou soumises.

L’algorithme révolutionnaire d’Elon Musk
Le ministre de « l’efficacité gouvernementale » a l’intention d’appliquer dans l’action publique sa méthode expérimentée dans ses entreprises. Baptisée son « algorithme », elle se décompose en 5 étapes :
- Déconstruire les règles : Interrogez chaque directive et spécification sans aucun tabou. Pourquoi fait-on les choses de cette manière ? Est-ce encore pertinent ?
- Alléger au maximum : Identifiez tout ce qui est superflu – composants, étapes, procédures – et éliminez-les sans pitié ;
- Simplifier l’essentiel : Pour ce qui reste, rendez-le aussi clair et fluide que possible ;
- Accélérer chaque mouvement : Optimisez les rythmes, accélérez les processus. Chaque seconde compte ;
- Automatiser intelligemment : Enfin, mettez en œuvre la technologie pour automatiser ce qui peut l’être, mais uniquement après avoir simplifié et optimisé.
L’État fédéral dispose d’un budget de près de 7.000 milliards de dollars, et une dette cumulée de plus de 30.000 milliards de dollars. Elon Musk vient d’annoncer vouloir rendre l’Amérique « forte pour des siècles ».

Rester l’Empire, plus que jamais !
Une nation devient un empire en réunissant des conditions indispensables : un port, un territoire uni, un pouvoir et une volonté politiques forts, une capacité à innover ou à s’approprier des innovations, une compétence à les industrialiser, une aptitude aux rapports de force pour le commerce, un savoir-faire pour « rapatrier » sur son sol la valeur ajoutée et enfin une puissance militaire pour contrôler les nœuds stratégiques, défendre les routes commerciales, protéger ses alliés et intimider.
Certains annonçaient, avec gourmandise ou inquiétude, la déliquescence de l’Empire américain. L’attelage entrepreneurial Trump-Musk a la ferme intention de créer les conditions d’un point de bascule stratégique pour leur mantra : « Make America Great Again » !

BANI plutôt que VUCA
Le monde va, une nouvelle fois, s’accélérer, et se complexifier. Trump aime créer le chaos pour ensuite revêtir sa posture de sauveur. Les turbulences à venir exigent une nouvelle grille d’analyse stratégique des environnements. Oublions le VUCA (volatilité, incertitude, complexité, ambiguïté) pour penser aujourd’hui BANI en termes de fragilité (des systèmes), d’anxiété (généralisée), de non-linéarité (des événements non-logiques/non-prévisibles) et d’incompréhensibilité (des phénomènes). L’heure est à l’adaptation stratégique.
La globalisation des échanges et la financiarisation des économies, installées depuis les années 90, ont façonné un monde systémique. En conséquence, les mouvements, les agitations et les désordres amplifient leurs impacts et font émerger des périls pour les entreprises et les États, ou encore le bon fonctionnement, voire la survivance, de la démocratie, et les « valeurs » prônées par les pays occidentaux.
Entre danger et opportunité magistrale pour l’Union Européenne !
Trump le 47ème est animé par un état d’esprit de revanche, de puissance, de « multi-unilatéralisme » et « d’héliocentrisme » où « son » Amérique doit être le centre autour duquel doivent se mouvoir toutes les autres nations et organisations, avec une docile vassalité.
L’Union Européenne pourrait en souffrir considérablement. Elle peut aussi, avec volonté, pugnacité et ardeur, en faire une opportunité unique pour créer un nouvel élan, renverser son affaiblissement, et bâtir une véritable puissance politique. Jean Monnet affirmait que l’Europe n’avance que lorsqu’elle est au pied du mur. Trump est le mur !
Face à cette dynamique, l’Union Européenne a une chance unique de transcender ses divisions pour s’affirmer comme puissance stratégique. Saisira-t-elle cette opportunité ?
Meilleurs vœux pour 2025
En 2024, Vous avez reçu 15.894 articles parmi lesquels ont été mentionnés 437 signaux stratégiques.
En 2025, l’incertitude sera le maître-mot, mais aussi une source d’opportunités. Que cette nouvelle année soit pour chacun d’entre vous une occasion d’élargir vos horizons et de décrypter ensemble les transformations du monde.
Chaque jour, les dépêches du 24h sur la Planète auront plus que jamais pour mission de vous informer et de vous éclairer sur les « respirations » du monde, de manière factuelle, vérifiée et objective. Ensuite, à vous d’en faire la photosynthèse pour alimenter votre culture générale, enrichir vos réflexions, percevoir les opportunités et agir.
Les conférences vous apporteront un regard à 360° sur les évènements, un décryptage en profondeur et les perspectives qui se dessinent.
Le 24h sur la Planète vous présente tous ses vœux pour l’année 2025.