L’Amérique tance les européens
L’impérialisme américain, miroir de la faiblesse européenne
Le vice-président américain J.D. Vance a livré un réquisitoire cinglant contre l’Europe, dénonçant son recul démocratique et sa dépendance militaire envers les États-Unis. Plaidant pour une refonte du partage des responsabilités au sein de l’OTAN, il a exhorté les Européens à renforcer leur défense, laissant entendre que Washington ne garantirait plus indéfiniment leur sécurité.
Vance a également fustigé la restriction des libertés en Europe, dénonçant la censure sur les réseaux sociaux, la criminalisation de certaines opinions et l’exclusion de partis populistes du débat politique. Il a critiqué l’annulation de l’élection présidentielle roumaine et le contrôle des discours en ligne, y voyant une dérive autoritaire.
Enfin, il a pointé du doigt l’immigration de masse comme une menace existentielle pour les nations européennes, appelant à écouter les peuples plutôt qu’à les marginaliser. Selon lui, la démocratie repose sur le respect du suffrage populaire, et non sur des cordons sanitaires excluant certaines idées. À travers ce discours, Vance a clairement affirmé la vision trumpiste : une Europe affaiblie et divisée, dépendante d’un impérialisme américain désormais conditionnel.
Le vice-président américain J.D. Vance a dénoncé un « recul » de la liberté d’expression en Europe, reléguant au second plan la question ukrainienne. Affirmant que l’administration Trump « se battra » pour défendre ce principe fondamental, il a fustigé ce qu’il considère comme une menace intérieure aux valeurs occidentales.
Il a notamment critiqué l’annulation du premier tour de la présidentielle en Roumanie, où un candidat d’extrême droite avait créé la surprise. Selon lui, cette décision résulte d’une pression excessive des pays voisins et d’une fragilité démocratique. Il a également ciblé le Royaume-Uni, dénonçant une « régression des droits de conscience ».
Se posant en défenseur de la liberté d’opinion, Vance a reproché l’exclusion de représentants populistes de la Conférence. Promettant un changement sous Trump, il a affirmé que Washington défendrait le droit d’expression, indépendamment des opinions exprimées.
Attention ! Les troupes US en Europe ne sont pas éternelles
Lors de sa visite en Pologne, le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth, a averti que l’Europe ne pouvait considérer la présence militaire américaine comme acquise à long terme. Il a exhorté les membres de l’OTAN à accroître leurs dépenses de défense, saluant l’exemple polonais, qui prévoit d’investir 4,7 % de son PIB dans l’armement en 2025. Donald Trump pousse même à un objectif de 5 %, bien au-delà du seuil actuel de 2 %.
À la Conférence de Munich sur la sécurité, cette déclaration a relancé les inquiétudes sur un éventuel retrait des renforts déployés après 2022. Actuellement, 100.000 soldats américains sont en Europe, dont 65.600 en poste permanent, principalement en Allemagne, Italie et Royaume-Uni. Ces chiffres prennent en compte l’augmentation de près de 20.000 hommes décidée après l’invasion russe de l’Ukraine, le 24 février 2022.
Hegseth a également minimisé les perspectives d’une victoire totale ukrainienne et défendu l’initiative de Trump visant à ouvrir des négociations avec la Russie, laissant entendre qu’un règlement militaire du conflit restait illusoire.
La présence américaine en Europe en chiffres, selon le Department of Defense :
- Total des bases américaines en Europe est de 37, y compris le SHAPE, le quartier général des forces alliées en Europe, basé à Mons en Belgique : Allemagne : 13, Italie : 7, Belgique : 3, Turquie : 2, Pays-Bas : 2, Espagne : 2
- Total des personnels : Allemagne : 34.894, Italie : 12.319, Royaume-Uni : 10.180, Espagne : 3.253, Turquie : 1.683, Kosovo : 600 dans le cadre de la force de l’Otan, la Kfor.
La démocratie selon la nouvelle administration américaine
Le vice-président américain J.D. Vance délivré un réquisitoire contre l’état de la démocratie en Europe en s’appuyant sur le cas de l’annulation de l’élection présidentielle en Roumanie.
Ses propos ont suscité la stupeur, d’autant qu’il a critiqué le « cordon sanitaire » excluant l’extrême droite du pouvoir en Allemagne, une position perçue à Berlin comme une ingérence dans la campagne électorale. Olaf Scholz a fermement rejeté ces déclarations, rappelant l’héritage du national-socialisme.
Vance a poursuivi son offensive en dénonçant la Suède et le Royaume-Uni sur des questions de censure et de liberté religieuse. En parallèle, la Maison Blanche a interdit l’accès de l’agence Associated Press à Donald Trump, en refusant de mentionner le nouveau nom du Golfe du Mexique, alimentant les tensions sur la liberté de la presse.
Zélensky à l’heure des comptes
Lors de la Conférence sur la sécurité de Munich, Volodymyr Zelensky a réitéré son refus de toute négociation avec Vladimir Poutine sans un plan commun avec les États-Unis et l’Europe. Tandis que Washington pousse à des discussions, Kiev redoute une solution imposée qui favoriserait Moscou. Le vice-président américain J.D. Vance a, quant à lui, appelé l’Europe à renforcer sa défense, insinuant que le soutien américain ne saurait être éternel.
Sur le plan économique, Zelensky a rejeté un accord sur l’exploitation des minerais ukrainiens, arguant de l’absence de garanties sécuritaires. Donald Trump, lui, conditionne désormais l’aide américaine à un accès privilégié aux ressources ukrainiennes, exigeant jusqu’à 500 milliards de dollars en terres rares pour « ne pas se sentir idiot » en face d’une aide américaine de 143 milliards de dollars. Ce marchandage suscite l’inquiétude de Kiev, alors que l’armée russe progresse à l’Est, notamment dans la région de Donetsk.
Par ailleurs, Moscou continue ses frappes sur les infrastructures ukrainiennes, exacerbant la crise énergétique en plein hiver. Dans ce contexte, Zelensky exige des garanties militaires solides, telles qu’une adhésion à l’OTAN ou le déploiement de troupes de maintien de la paix, face à une Russie qui entend dicter ses conditions en échange d’une paix incertaine.
Conclusion : A Munich, l’enterrement de la relation transtalantique issue de 1945 ?
La Conférence de Munich sur la sécurité a confirmé un basculement stratégique : l’Europe ne peut plus compter sur les États-Unis comme garant indéfectible de sa défense. Le discours du vice-président américain J.D. Vance, virulent à l’égard des Européens, a mis en lumière un fossé grandissant entre Washington et ses alliés historiques. L’administration Trump semble vouloir redéfinir son rôle, laissant aux Européens la responsabilité d’assurer leur propre sécurité.
Cette incertitude survient alors que l’Ukraine recule face à la Russie. Tandis que l’UE cherche une réponse commune, Washington et Moscou préparent des négociations directes, laissant craindre un accord défavorable à Kiev. De nombreux experts s’alarment : l’Europe, désorientée, pourrait être contrainte d’accepter un règlement imposé.
Face à cette réalité, l’OTAN elle-même se trouve fragilisée. Certains plaident pour une augmentation massive des dépenses de Défense et l’exploration de nouvelles alliances, mais l’Europe, paralysée par ses divisions, peine à réagir. L’aveuglement face au retour de Trump, pourtant prévisible, démontre son incapacité à anticiper les mutations géopolitiques.
Pour survivre à cette nouvelle ère, le continent devra sortir de sa léthargie stratégique et assumer pleinement sa souveraineté militaire, sous peine de rester spectateur de son propre destin.