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Sommet des 16+1 à Dubrovnik : la Chine s’enracine à l’Est de l’Europe.

Le Premier ministre chinois a rencontré en Croatie les dirigeants d’Europe centrale et orientale dans l’objectif de développer les échanges, tout en assurant que son pays était prêt à ouvrir davantage son économie, un sujet sensible pour Bruxelles.

17+1

La ville côtière de Dubrovnik, la « perle de l’Adriatique », accueillait le 8èmesommet des « 16+1 », devenu « 17+1 » car la Grèce a décidé de rejoindre cette plateforme pour les investissements de Pékin dans 17 pays d’Europe de l’est et centrale.

Ce groupement est regardé avec inquiétude en Europe de l’ouest, qui redoute une tentative chinoise pour diviser l’Union, ce qu’a démenti le Premier ministre chinois Li Keqiang.

« Nous avons l’intention de coopérer et de respecter les standards européens », a-t-il déclaré à l’ouverture du sommet. « Nous avons tous besoin de développer le commerce et de connecter nos économies ».

L’Europe orientale est une composante essentielle du projet chinois de « nouvelles routes de la soie ».

1.000 milliards de dollars

Ce projet pharaonique lancé par Pékin en 2013 prévoit des investissements de plus de 1.000 milliards de dollars dans des infrastructures routières, ferroviaires et maritimes pour permettre l’acheminement des exportations chinoises.

La Chine a par le passé annoncé une ligne de crédit de 10 milliards de dollars et un fonds de trois millions de dollars d’investissements en Europe centrale et orientale.

Jusque-là, le bilan est mitigé : certains grands projets sont en cours de construction, mais des investissements promis ont été reportés ou annulés.

Par exemple, la construction d’un des projets emblématiques des « 16+1 » – un chemin de fer entre Belgrade et Budapest – vient tout juste de commencer en Serbie, cinq ans après avoir été annoncée.

Rival systémique

Le sommet de cette année survient quelques jours seulement après une rencontre importante entre le Premier ministre chinois et l’UE, qui réclame des relations commerciales plus équilibrées avec le géant asiatique, désormais qualifié de « rival systémique ».

Mardi à Bruxelles, la Chine a promis d’ouvrir un peu plus son économie dans une déclaration commune avec l’Union saluée comme « une percée » par les Européens, qui restent cependant prudents.

Dans un document de 7 pages signé par Li Keqiang, le président du Conseil européen, Donald Tusk, et celui de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, Bruxelles et Pékin s’engagent à promouvoir un commerce « fondé sur des règles » et à combattre « l’unilatéralisme et le protectionnisme ».

Le chef du gouvernement chinois a affirmé que le rendez-vous de vendredi était une « étape supplémentaire » après le sommet de Bruxelles et un « complément utile à la coopération entre l’UE et la Chine ».

184 milliards d’euros

Certains pays européens, comme la France et l’Allemagne, s’inquiètent de plus en plus du projet de « nouvelles routes de la soie », particulièrement depuis que le gouvernement populiste italien est devenu le premier membre du G7 à le rallier.

La Chine était en 2018 le premier importateur dans l’UE et la deuxième destination des produits européens à l’exportation. La balance commerciale est largement bénéficiaire aux Chinois : +184 milliards d’euros, selon les chiffres de la Commission.

Le Premier ministre chinois a visité jeudi le site où une compagnie chinoise a démarré en début d’année la construction du pont de Peljesac, chantier stratégique d’un montant de 280 millions d’euros sur la côte adriatique.

Cet ouvrage est destiné à éviter de sortir de Croatie et de passer par la Bosnie pour aller sur la péninsule de Peljesac. La Bosnie a critiqué par le passé ce projet, craignant que la construction de ce pont entrave son accès à la mer.

Il s’agit du plus gros projet chinois en Croatie, et il est financé par l’Union européenne.

« Des projets comme le pont de Peljesac peuvent inspirer une future coopération » entre l’UE et la Chine, a assuré vendredi Li Keqiang.

Grèce

Il a salué l’entrée de la Grèce dans le groupe des « 17+1 ». « Avec la Grèce qui nous rejoint et tous les pays d’Europe centrale et orientale… nous allons approfondir les relations de la Chine avec l’UE », a-t-il dit devant la presse après le sommet.

Le Premier ministre grec Alexis Tsipras, présent vendredi à Dubrovnik, a vanté une coopération « dans le plein respect des règles et procédures de l’UE ».

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