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Nous sommes en guerre !

Un nouveau format de guerre, une expression jamais vue à cette échelle de risque mortel pour l’humain, par un ennemi volatile, invisible et imprévisible, s’est invité par effraction dans nos quotidiens surchargés et agités. Tous les gouvernements du monde se sont mobilisés, chacun à sa manière, en s’inspirant des expériences des uns et des autres, ou non, mais tous avec son bagage culturel et historique.

Quels sont les enjeux ?

Ne pas sombrer ! Lorsque que votre pays entre en guerre, comme c’est le cas, même si l’envahisseur ne se matérialise pas avec des armes effrayantes sous votre regard, vous êtes confrontés aux risques identiques d’un conflit « traditionnel » : la mort possible, se « cacher » de l’envahisseur, le manque de nourriture, la perte de tout revenu et la perte de son patrimoine. Cette « somme de toutes les peurs » nous enveloppe, à chacun d’appréhender, de gérer, de dompter sa relation avec ces et ses peurs. C’est le premier enjeu, il est individuel, un rapport à soi, son regard sur l’existence, sa finitude, ses angoisses, le sens que nous portons en nous. Puis un rapport à sa famille, soulevant les questions de priorité, la puissance de l’amour, l’éducation, les valeurs, la protection. Pour terminer sur la projection de soi dans l’univers social, porteur d’interrogations, comme sa bienveillance, réelle et non supposée par une posture dialogique, sa solidarité, le don, la patience, le partage, l’écoute, prendre soin des autres, mettre son égo en quarantaine et réfléchir sur sa personnalité sociale.

Les enjeux pour nos gouvernements ont changé brutalement de nature. Il ne s’agit plus d’écouter les mécontentements des corporations, d’augmenter discrètement les taxes sur les alcool, le tabac, les péages d’autoroutes ou autres TIPP, de biberonner l’économie avec une énième relance keynésienne ou baisser la limitation de vitesse sur nos routes pour tenter de passer sous la barre des 3.000 morts par an…les enjeux sont « supérieurs et impérieux », car l’agresseur touche aux intérêts vitaux de notre nation : l’existence propre en tant qu’Être Humain des concitoyens, et leur existence sociale au sens large, en tant qu’homo-economicus, créateur de richesse au sein de leur organisation et consommateur des biens et services produits. Tout l’édifice est en danger ! C’est du ressort, de la responsabilité et de la compétence de nos dirigeants de tout faire pour cette Cathédrale reste debout !

C’est la guerre !

Le Général en Chef et ses généraux ont pour mission à la fois de combattre l’ennemi, de prendre soin des fantassins et, bien entendu, des civils que nous sommes tous. L’armée de fantassins est héroïque. Elle est nombreuse, multiple, protéiforme, courageuse. Ce sont nos infirmières, nos médecins, nos urgentistes, nos pompiers, nos militaires, nos personnels d’Ehpad, mais également nos maires, nos services publics, nos boulangers, nos caissières, nos chauffeurs routiers, nos conducteurs de bus, nos agriculteurs… tous les anonymes qui donnent de leur temps et de leur énergie sans compter, au service des autres, dans un esprit de don le plus pur et le plus beau qui soit ! Soyons fiers ! Non pas de nos petites personnes, mais de ces vrais héros du quotidien, qui nous permettent de se nourrir, de « s’occuper » et surtout, surtout, fier de ces héros qui sauvent des vies !

Notre armée vaincra.

Notre armée vaincra, à la condition que les civils des temps modernes, face à leur télévision, leur Netflix, leur console de jeux, leur téléphone portable, leur PIB par habitant indécent cessent d’être dans l’égo pour redécouvrir la bienveillance, cesse de consumer leur énergie à critiquer des gouvernants qu’ils seraient bien incapables de remplacer, tempèrent leur indocilité égo-centrée pour une écoute, une fraternité et une solidarité. J’appelle tous les confinés à prendre conscience que vous auriez pu naitre en Corée du Nord ou dans un bidonville de Calcutta, à se souvenir de leurs grands-parents qui ont eu à subir d’autres guerres, avec le risque de se prendre des bombes sur la tête sans avoir de quoi se nourrir, ces civils d’une autre époque n’avaient pas tous les outils et les distractions d’aujourd’hui. Et pourtant ! Ils ont été héroïques ! Et c’est grâce à eux que nous, leurs petits-enfants, pouvons avoir autant de richesses et de loisirs, même pendant notre confinement !

Notre Général a pris la mesure des enjeux, et toutes les équipes de notre État sont sur le pont pour contenir les risques et combattre les dangers qui pourraient nous atteindre, nous Êtres Humains. Cette guerre est mondiale, elle sera longue et difficile. Elle sera résolue, toujours et encore, par des actions coordonnées, de tous et tous les gouvernants ! Nous ne relèverons que tous ensemble, puisque mondialisation il y a, cette globalisation qui a fait de notre planète un petit village.

L’Être, le verbe et l’action.

Le terme de guerre est approprié. Après la France, un certain nombre de chefs d’État dans le monde ont endossé l’habit. Les mesures sanitaires, logistiques et financières ont bien été pensées, suffisantes ou non, l’intensité et la duration de la crise entrainera des évolutions, pour que le citoyen, en tant qu’acteur économique, puisse poursuivre son rôle. Pour un État, il est également impératif de sauver ce citoyen-là, sinon comment ferait-il pour nourrir sa famille, payer son loyer, s’habiller, se cultiver, se divertir ? Le Général en Chef a bien pensé également à lui venir en aide ! Le Général nous protège, car nous sommes vulnérables face à ce virus qui se répand comme un poison sur la surface de la Terre. Il lui faut éviter notre mort physique et notre mort économico-sociale. Notre président a traité les deux sujets dès les premiers instants. Car la psychologie est cruciale, pendant la crise, pour tenir, pour faire face, pour être fort, courageux et protéger les siens, et pour l’après-crise, pour repartir, redémarrer, reconstruire. La psychologie et la confiance sont les deux vecteurs essentiels dans toute économie, dans toute crise, dans celle-ci plus que jamais.

La place de la démocratie.

Si, après, bien après, ce même citoyen verse dans le jugement sur la gestion de cette crise, et s’il a la chance d’être bien né, dans un pays développé, avec un solide système de santé et doté d’une démocratie performante, il aura la possibilité d’exprimer son mécontentement dans les urnes. Cette épreuve n’échappe pas au schéma typique du processus comportemental face aux très grandes crises, on ignore, on minore, on sous pondère le problème avant d’y être confronté avec la gravité. Imaginez-vous début de ce mois de mars, personne n’envisageait que la planète entière serait touchée, et qu’elle serait obligée de se confiner ! Nous faisons face à un phénomène historique qui a été envisagé, mesuré, dans nos consciences, qu’à l’instant où l’évidence s’imposait à tous : nos premiers morts. Depuis lors, nous faisons face à une double problématique philosophie : l’intime et le mondial.

La mondialisation mal-heureuse

Après l’épreuve de 2008, la myopie institutionnelle imposait des stress-test, virtuels, aux banques pour éprouver leur solidité, aujourd’hui, le virus impose un stress-test plus vrai que nature, à tous les systèmes de santé de la planète. La mondialisation à 30 ans, elle est encore toute jeune à l’échelle de l’Homme. Mais elle a su imposer une inter-dépendance critique, associée à cette course effrénée aux performances économiques et financières. Les économies sont très imbriquées, sans une once de solidarité. Et pourtant, ce virus ne sera vaincu qu’avec cette valeur, valeur humaine, et non économique.

Ce virus fonctionne comme une bombe nucléaire finalement, par une réaction en chaine… crise sanitaire, crise boursière, crise économique, crise sociétale… crise démocratique ? Tout ceci à cause d’un si petit virus ! Aujourd’hui, demain, qu’en sera-t-il de notre vision du monde ? De nos certitudes ? De nos croyances ? De l’état du monde ? De l’état de notre Être ? Une nouvelle fois, la Nature nous rappelle que c’est elle la grande patronne et cette déferlante virale nous rappelle notre petitesse, nos fragilités et nos vulnérabilités. On passe d’un temps hyper cadencé à un temps hyper distendu. La Nature nous rappelle-t-elle de repenser nos vies de fourmis agitées égo-centrées vers plus d’Être que d’Avoir, pour plus de communauté que de « JE » ? Que l’humain repense son humanité ?

Denis DESCHAMPS

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