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[ANALYSE] Trump quitte une nouvelle fois l’UNESCO

Comme lors du début de son premier mandat, Donald Trump a annoncé que les Etats-Unis quittent l’UNESCO, lui reprochant de soutenir des causes « clivantes ».

La directrice de l’Unesco, la Française Audrey Azoulay, a dit « regretter profondément » cette décision, qui sera effective fin 2026, même si elle était « attendue ». L’Unesco s’y était « préparée » et est relativement « protégée sur le plan budgétaire », a-t-elle estimé, soulignant que la contribution américaine de 75 millions de dollars annuels ne représente que 8 % du budget total de l’organisation.

Pas dans l’intérêt national

Pour Washington, « la poursuite de la participation des Etats-Unis à l’Unesco n’est pas dans l’intérêt national …/… L’Unesco s’emploie à promouvoir des causes sociales et culturelles clivantes » et défend « une feuille de route idéologique et mondialiste pour le développement international, en contradiction avec notre politique étrangère ‘ America First’ » , a déclaré la porte-parole du département d’Etat, Tammy Bruce.

Washington avance que la décision de l’Unesco d’intégrer « l’ Etat de Palestine » en 2011 « est hautement problématique, contraire à la politique des Etats-Unis, et a contribué à la prolifération de discours hostiles à Israël au sein de l’organisation ». La directrice, Mme Azoulay, dément vigoureusement : « Je réfute absolument (…) le fait qu’il y ait des biais anti-israéliens ou antisémites au sein de l’organisation », soulignant « les efforts menés par l’Unesco, notamment pour l’enseignement de la Shoah et la lutte contre l’antisémitisme ».

3ème déconnexion en 40 ans

En octobre 2017, Donald Trump, lors de sa première présidence, avait annoncé retirer son pays en dénonçant les « partis pris anti-israéliens persistants » de l’institution. Ce retrait, suivi de celui d’Israël, était devenu effectif en décembre 2018.

L’Unesco avait notamment provoqué la fureur israélienne en juillet 2017 en inscrivant la Vieille ville d’Hébron sur la liste du patrimoine mondial en danger et en caractérisant Hébron, en Cisjordanie occupée, de ville islamique, alors que les juifs, y revendiquent une présence de 4.000 ans.

Devenue directrice générale de l’Unesco en novembre 2017, Audrey Azoulay avait obtenu de l’administration Biden, successeur de Trump en 2021, un retour des Etats-Unis, s’engageant à rembourser (en plusieurs fois !) leurs arriérés de paiement de 619 millions de dollars.

En 1984, Ronald Reagan invoquait l’inutilité et les débordements budgétaires de l’organisation pour justifier le retrait des Etats-Unis. Le Royaume-Uni suivra l’exemple américain en se retirant à son tour fin 1985. Les mois précédents, l’administration de Ronald Reagan avait multiplié les déclarations contre une institution qu’elle jugeait « trop politisée » et dont elle fustigeait « l’augmentation sans retenue » du budget. Les Etats-Unis feront leur retour à l’Unesco en octobre 2003, sous George W. Bush.

Un départ qui sera suivi d’un retour ?

Le président français Emmanuel Macron a assuré l’Unesco, dont le siège est à Paris, de son « soutien indéfectible ». « Le retrait des États-Unis ne fera pas faiblir notre engagement aux côtés de celles et ceux qui portent ce combat », a-t-il déclaré.

Habituée des revirements de Washington, l’Unesco s’est employée ces dernières années à réduire sa dépendance aux financements américains, en augmentant notamment la part des contributions volontaires, qui ont doublé sous Audrey Azoulay.

« L’annonce du président Trump ne prendra effet qu’à la fin de l’année 2026. Il reste tout ce temps pour éventuellement reconsidérer cette position », a souligné Mme Azoulay, qui quittera son poste en novembre : « La porte reste ouverte (…) On a vu dans l’histoire qu’il y a eu des départs, mais qu’il y a eu aussi des retours ».

Outil pour maintenir la PAIX

Peut-être faudrait-il faire lire à Donald Trump l’acte constitutif de l’organisation, Agence de l’ONU créée en 1945 : l’Unesco a pour objectif de « contribuer au maintien de la paix et de la sécurité en resserrant, par l’éducation, la science, et la culture, la collaboration entre nations, afin d’assurer le respect universel de la justice, de la loi, des droits de l’Homme, et des libertés fondamentales pour tous, sans distinction de race, de sexe, de langue, ou de religion, que la Charte des Nations unies reconnaît à tous les peuples ».

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