Vous apporter une grille de lecture pour décrypter analyser comprendre le monde

[Analyse] Trump a déjà gagné sa guerre commerciale

Le retour fracassant de POTUS

Dès que le 45ème Président des Etats-Unis (POTUS) est revenu aux affaires, endossant le rang de 47ème, il instaure un rapport de force planétaire pour résoudre ce qu’il considère l’ « appauvrissement » de l’Amérique, sentiment décliné parfois par des qualificatifs plus familiers, notamment à l’endroit de la vieille et fidèle Europe.

Lors du premier mandat, Donald Trump s’était « attaqué » exclusivement à la Chine, avec la volonté primitive et nationaliste de réduire le trou béant des échanges commerciaux. Cette affaire s’était conclue par un accord et une série de promesses chinoises, notamment d’acheter plus de produits américains, vu que les Américains ne peuvent se passer des produits chinois, notamment électroniques et autres appareils ménagers.

L’instauration d’un rapport de force

Tout le monde se souviendra de la mise en scène à la maison blanche, avec un POTUS brandissant un panneau étrange et accusateur, justifiant des salves de sanctions douanières à tout pays présentant une relation commerciale défavorable à l’Amérique. Une fois la complexité très relative des calculs mise au jour, la tribu des économistes atterrée, les chancelleries se sont toutes précipitées pour prendre rendez-vous dans l’agenda d’un POTUS très fier de son coup, convaincu qu’il tient le monde dans le creux de sa main. Se vantant d’avoir été appelé par 60 pays en 72 heures, « pour lécher le cul des Etats-Unis », ne peut-il s’empêcher de s’exclamer, en précisant : « ils meurent d’envie de signer un accord (sur les droits de douane), pitié, pitié monsieur, signons un accord, je ferai n’importe quoi pour ça ».

Les diversions

Dans le même temps, les décrets pleuvent. Il faut détenir le Groenland, récupérer le canal de Panama, s’approprier le Canada pour en faire le 51ème Etat, renommer le golfe du Mexique en Golfe de l’Amérique, exiger la gratuité des passages des navires commerciaux et militaires dans le canal de Suez… 

A travers ses décrets/exigences/provocations, certaines cibles sont clairement définies comme des objectifs, le Groenland, et d’autres des diversions, le Canada, pour affoler toutes les chancelleries de la Planète. Et plus Donald Trump consomme de la « bande passante » de ses partenaires/adversaires, plus il renforce sa position dans la partie de poker menteur qu’il a imposée à tous.

Les déclarations d’investissements

Cependant, du côté des entreprises, la nouvelle musique américaine ne peut pas être traitée de la même manière qu’un chef d’Etat. Car Trump exige des implantations sur son territoire pour toutes entreprises voulant y faire des affaires. Toutes les déclarations de bonnes intentions, les rappels à la raison ou à l’amitié des chefs d’Etat et de gouvernement tout autour de la planète ne seront d’aucune aide pour les chefs d’entreprise.

Un point de bascule se produit pendant que les économistes cherchaient à se faire réhabiliter sur tous les plateaux de télévision (lire l’introduction de l’ouvrage de Jacques Attali, Docteur en Sciences Economiques -pas seulement-, « Le monde, modes d’emploi », critique détaillée de la non-science économique, et son incapacité à prévoir).

Les stratégies, les business-plan et les plans d’investissement ont été « revisités » et voici la liste (non exhaustive) des déclarations d’investissements par secteur, sur le territoire américain, à court et moyen terme :

Pharma :

– Johnson & Johnson : 55 milliards de dollars 

– Eli Lilly : 27 milliards de dollars, 4 nouvelles usines, + 10.000 emplois

– Novartis : 23 milliards de dollars, + 5.000 emplois

– Roche : 50 milliards de dollars

– Merck & Co. : 9 milliards de dollars

– Amgen : 1,4 milliard de dollars

– Sanofi : 20 milliards de dollars

Industrie :

– ArcelorMittal : 1 milliard de dollars, 1 nouvelle usine

– Hyundai : 21 milliards de dollars, dont une aciérie de 5,8 milliards de dollars en Louisiane

– Clarios : 6 milliards de dollars, pour étendre la fabrication de batteries

– Le Qatar passe commande pour 200 milliards de dollars auprès de boeing

Logistique :

– Pratt Industries : 5 milliards de dollars

– CMA CGM : 20 milliards de dollars

Tech :

– Emirats Arabes Unis : 20 milliards de dollars dans des centres de données aux Etats-Unis

– IBM : 150 milliards de dollars

– Apple : 500 milliards de dollars, + 20.000 emplois

– Stargate LLC (OpenAI, Oracle, SoftBank) : 500 milliards de dollars pour développer des infrastructures d’IA, 10 centres de données et + 100.000 emplois.

– Nvidia : 500 milliards de dollars pour des superordinateurs d’IA basés aux US

– TSMC : 100 milliards de dollars

Divers :

– Ryad promet 600 milliards de dollars d’investissements et d’échanges commerciaux

Avec plus de 2.800 milliards de dollars d’investissements annoncés, Trump a-t-il gagné sa guerre commerciale ?

Alors que les Investissements Directs Etrangers (IDE) dans le monde avaient baissé de 11 % en 2024, avec un montant de 1.500 milliards de dollars (selon l’ONU), les Etats-Unis (sous l’ère Biden !) étaient déjà la première destination avec 300 milliards de dollars (289 milliards en 2023).

Cette masse d’investissements programmés représente près de 10 ans de « stock » d’IDE, du jamais vu, ou encore près de la moitié du budget fédéral, 10 % du PIB estimé pour 2025.

L’étrange équation de la main d’œuvre

La véritable question suggérée en bas-relief est la suivante : quels personnels pour ces nouvelles usines ?

Le taux de chômage américain est proche du plein emploi, avec 4,1 %. En parallèle, Trump s’est montré très agressif envers la politique migratoire de la mandature précédente. Cependant, malgré le mur séparant le pays du Mexique, il faudra très certainement installer des « portes » dans ce mur pour mettre en musique tous ces investissements. Le Mexique de 130 millions d’habitants (estimée à 150 millions en 2050), dont 31 % ont moins de 14 ans.

La croissance des Etats-Unis devra impérativement s’appuyer sur cette jeunesse pour profiter de cette masse d’investissements.

#trump #EtatsUnis #guerrecommerciale #economie #geopolitique 

Partager :