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[ANALYSE] Prémisses d’une paix entre Ukraine et Russie

Trump sur le chemin du Prix Nobel de la Paix ?

President Donald Trump poses for a photo with Russian president Vladimir Putin in the Billy Mitchell Room at Joint Base Elmendorf Richardson in Anchorage, Alaska, Friday, August 15, 2025. (Official White House Photo by Daniel Torok)

La rencontre des dirigeants russe et américain marque la première étape d’une paix à façonner dans le conflit russo-ukrainien.

La difficulté à laquelle devra faire face la diplomatie, car le temps de la diplomatie se précise, seul outil pour établir une paix, sera de faire converger des objectifs différents.

En diplomatie, tous les détails comptent. Il est donc important de relever les points ci-dessous qui forment autant de composantes complexes de l’équation à résoudre :

  • La rencontre de l’Alaska marque le retour « remarqué » de Poutine sur la scène internationale,
  • Un tapis rouge a été déroulé pour l’occasion,
  • Le lieu est une base militaire américaine, sur le sol américain, acheté aux Russes en 1867,
  • Cette rencontre a laissé apparaître une cordialité marquée entre les deux dirigeants, devant certainement faire froid dans le dos des dirigeants ukrainiens et européens,
  • Poutine s’est rendu jusqu’à la base aérienne dans la limousine blindée de Trump au lieu de conduire sa propre voiture présidentielle immatriculée à Moscou,
  • Les Russes s’attendaient à une rencontre de 6 à 7 heures, elle n’a duré que 3 heures,
  • Donald Trump a confié à Vladimir Poutine un « message de paix » pour l’Ukraine, prétendument rédigé par son épouse et Première dame américaine Melania Trump,
  • Lors de la conférence de presse, Poutine a pris exceptionnellement la parole le premier, saluant « l’atmosphère constructive de respect mutuel » des discussions « amicales », faisant ensuite un clin d’œil sur l’Alaska comme ancien territoire russe,
  • Poutine à mentionné qu’un « accord » non précisé ait été conclu, les « causes profondes » du conflit devaient être éliminées avant que la paix puisse être rétablie (pour rappel, les exigences russes, connues, étaient : la reconnaissance de la souveraineté russe sur les régions ukrainiennes de Crimée, Donetsk, Louhansk, Zaporijia et Kherson, ainsi que l’accord de l’Ukraine sur la démilitarisation, la neutralité, l’absence d’intervention militaire étrangère et la tenue de nouvelles élections),
  • Poutine s’est permis de rappeler l’un des arguments fréquemment avancés par le président américain, à savoir que le conflit en Ukraine n’aurait jamais éclaté si Trump avait été au pouvoir,
  • De son côté, Trump a fait une déclaration inhabituellement courte : « Nous nous sommes mis d’accord sur de nombreux points », a -t-il déclaré, ajoutant que des « progrès considérables » avaient été réalisés lors d’une « réunion extrêmement productive », les « conséquences graves » qu’il menaçait d’infliger à la Russie en cas d’échec d’un cessez-le-feu ne furent plus mentionnées.

Et de poursuivre cette analyse en rappelant les points suivants :

  • Les européens vont accepter et s’adapter aux conditions de paix établies par Trump et Poutine, les mêmes qui se voilaient les yeux malgré les alertes de préparation pendant des mois de l’offensive russe, d’où, pour se donner bonne conscience vis-à-vis des opinions publiques, de se positionner en sauveur (triangle de Karpman),
  • Les européens sont dans l’incapacité d’imposer une paix, même pas un cessez-le-feu,
  • Ils s’empresseront de déployer des troupes PKO (Peace Keeping Operation) de l’ONU, pour les mêmes raisons de bonne conscience,
  • Trump imposera « sa » paix, car il sait que les conflits sont les ennemis du business, depuis la nuit des temps,
  • Trump fera tout pour construire son image de « faiseur de paix » et tenter d’obtenir le Nobel de la Paix,
  • Les arguments commerciaux, territoriaux et stratégiques sont déjà discutés depuis des mois entre américains et russes (d’ailleurs le directeur du fond souverain russe était l’un des négociateurs russes),
  • L’administration Trump fera tout pour « rattraper » la Russie de l’alliance Russie-Chine qui s’est construite depuis 2014 et « l’envahissement démocratique de la Crimée »,
  • Trump a promis à Poutine la levée totale des sanctions contre la Fédération de Russie (alors que l’Europe vient de voter le 19ème paquet de sanctions).

Enfin, Trump n’a pas manqué de déclarer son intérêt pour le commerce américano-russe :

  • Le potentiel économique de la Russie est considérable, grâce à la levée de ces sanctions et les partenariats possibles avec des entreprises américaines,
  • Le PIB/hab de la Russie est à peine de 20.000 dollars par an quand celui des pays occidentaux se situe aux alentours de 45.000 dollars, et celui des Etats-Unis de près de 70.000 dollars, 90.000 dollars estimés par le FMI d’ici 2028-2030,
  • Le potentiel de robotisation et d’industrialisation (au sens large) et de montée en puissance (vers de produits et des services à forte valeur ajoutée) sont majeurs.

Cette rencontre est considérée comme :

Les points de bascule émergents :

  • Poutine pourrait rejoindre (Trump l’a proposé) le G8 (organe informel créé par le Président Valery Giscard d’Estaing, pour parler « directement » entre dirigeants des 8 plus grandes puissances des grands sujets et défis du monde),
  • Une « jurisprudence » pourrait émerger de ce conflit russo-ukrainien (conquête de territoire) pour une action future de Beijing sur Taïwan.

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