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Afrique, terre(s) d’avenir

New York Public Library, 1595

J’ai récemment eu l’occasion d’échanger avec des chefs d’entreprises, Conseillers du Commerce Extérieur de la France, engagés en Afrique, autour d’un constat central : le continent africain est entré dans une phase de transformation structurelle rapide, encore largement sous-analysée dans le débat économique européen.


L’Europe demeure aujourd’hui largement concentrée sur ses urgences de court terme — guerre en Ukraine, conflit au Proche-Orient, droits de douane américains, désaccords politiques — et peine à formuler une vision stratégique de long terme, au moment même où le système international se recompose : relance d’un impérialisme économique américain depuis le retour de Donald Trump, et projection toujours plus offensive de la Chine. Dans ce contexte de rivalités accrues, l’Afrique apparaît comme le principal espace d’opportunités économiques et stratégiques du XXIᵉ siècle.

Quelques faits structurants.

Sur le plan démographique, l’Afrique passera d’environ 1,4 milliard d’habitants aujourd’hui à près de 2,6 milliards en 2050. Cette dynamique, concentrée en Afrique subsaharienne — Nigeria, RDC, Éthiopie, Tanzanie — constitue à la fois un défi majeur de stabilité et le cœur de la croissance démographique mondiale à venir, dans un monde vieillissant.

Sur le capital humain, les évolutions sont profondes et souvent sous-estimées. Le taux d’alphabétisation progresse de manière continue, la mortalité infantile recule fortement dans toutes les régions, l’accès à l’électricité s’améliore rapidement et le nombre d’internautes est passé de quelques millions au début des années 2000 à plus de 670 millions attendus dès 2025. Ces transformations modifient structurellement les marchés, les usages, la diffusion de l’innovation et les attentes sociales.

Sur le plan économique, le PIB réel par habitant en parité de pouvoir d’achat a plus que doublé depuis les années 1990, et le PIB réel total africain pourrait être multiplié par plus de six entre 2010 et 2050, à un rythme supérieur à celui de nombreuses autres régions du monde.

Dans le même temps, les équilibres commerciaux évoluent rapidement. La montée en puissance de la Chine en Afrique est désormais structurelle, soutenue par une vision de long terme et une présence continue depuis près d’un demi-siècle. L’Europe — et la France en particulier — voit ses parts de marché s’éroder, moins par manque d’atouts que par insuffisance de cohérence stratégique, de financements adaptés et de constance dans l’engagement.

Le message à destination des entreprises françaises est clair :
➡️ l’Afrique n’est ni un pari ni un marché périphérique,
➡️ c’est un espace économique, démographique et géopolitique central du XXIᵉ siècle,
➡️ qui exige une présence durable, sectorielle et partenarialefondée sur une vision commune entre acteurs économiques et pouvoirs publics.

La question n’est donc plus faut-il s’y engager ?
Mais comment s’y positionner intelligemment, collectivement et sur le temps long.

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